L’heure des sorcières by Sarah Rees Brennan

L’heure des sorcières by Sarah Rees Brennan

Auteur:Sarah Rees Brennan [Brennan, Sarah Rees]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
ISBN: 9782017079118
Éditeur: Hachette Jeunesse
Publié: 2019-06-25T07:06:33+00:00


Je suis partie dans le noir. Mlle Wardwell a insisté pour me raccompagner, mais j’ai refusé. Je ne lui ai pas dit que j’étais née dans cette forêt. Aucun mortel ne connaissait ces arbres aussi bien que moi.

J’ai emporté les paroles rassurantes de Mlle Wardwell avec moi. Sur le trajet, je me suis arrêtée au croisement qui menait à la clairière, à la rivière, au puits. J’ai décidé de ne pas y retourner.

Pas ce soir.

J’ai emprunté un autre sentier, celui qui donnait sur une vallée éclairée par la lune scintillante, telle une tasse verte remplie de liquide argenté. Tante Hilda m’avait raconté que des gobelins y habitaient.

— J’aimerais prendre la bonne décision, ai-je soupiré, mais je ne sais pas laquelle.

Si les gobelins m’ont entendue, ils ne m’ont pas répondu.

Je suis rentrée chez moi. Le toit de la maison était à peine visible contre le ciel noir, mais les fenêtres étaient illuminées. J’ai accéléré le pas.

Dès l’instant où j’ai franchi le seuil, j’ai entendu la voix de tante Zelda gronder à l’étage. Je suis montée à toute vitesse. Mes tantes et Ambrose se tenaient dans le couloir, devant ma chambre. Tante Hilda était en retrait, Ambrose allongé par terre. Tante Zelda portait un seau, le talon de sa chaussure appuyant contre les côtes d’Ambrose.

— Ça suffit, Ambrose ! a-t-elle lancé. Parfois, tu joues tellement à l’imbécile que je me demande si tu ne l’es pas vraiment.

— Ne t’inquiète pas, tante Z., a répondu Ambrose. Je ne fais que jouer.

— Qu’est-ce qui se passe ? ai-je demandé, à bout de souffle.

Tante Zelda s’est retournée vers moi.

— Ravie de te voir, Sabrina. Ton petit ami mortel nous a causé des ennuis.

— Harvey était là ? ai-je paniqué. Qu’est-ce qui est arrivé ? Qu’est-ce que vous lui avez fait ?

— Rien, a répondu tante Zelda d’un ton sec. C’est lui qui a fait n’importe quoi. Il t’a chanté la sérénade, sous la fenêtre de ta chambre.

J’ai écarquillé les yeux.

— Impossible, ai-je murmuré.

Harvey était timide. Il ne se donnait jamais en spectacle.

— Hélas, c’est la vérité, a déclaré tante Zelda. Ton prétendant n’a pas une voix mélodieuse. Au début, j’ai cru que deux chats étaient en train de se battre, mais ce merveilleux rêve s’est envolé quand j’ai entendu les paroles.

Ambrose pleurait de rire sur le sol du couloir.

— Il t’a chanté une chanson, cousine. J’ai retenu les paroles pour t’en faire part à ton retour. Je ne les oublierai jamais. Elles sont gravées dans mon esprit pour l’éternité. Oh ! Sabrina. Oh ! Sabrina. Dès l’instant où je te vois…

J’ai plaqué une main sur ma bouche.

— Silence, Ambrose ! a ordonné tante Zelda.

— Mais… je ne suis pas encore arrivé au passage où il compare son amour à une jonquille jaune, jaune ! a protesté Ambrose.

— Arrête, chéri, a murmuré tante Hilda. Ce n’est pas gentil.

— Et le moment où il dit que Sabrina est le sucre de son donut, et que si elle était une poubelle, il serait son renard !

Tante Zelda lui a lancé un regard noir.



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